Je suis dans le vieux garage "King Car's" où je me suis installé depuis plusieurs années avec mes fans. Sur la petite scène, tout est prêt, je suis en tenue à paillette, ma coiffure tient laborieusement, j'ai mis un simili projecteur, presque tout mes disciples sont là.
"Yéyéyé, on va bientôt commencer."
J'ai pris ma vous de crooner, mais ça le fait pas. J'aime pas quand tous les disciples ne sont pas là (déjà que j'en ai pas des masses) et ça me déconcentre.
J'ai bien essayer de violer la vierge de fer hier, mais c'est régulier, et elle ne se formalise pas en général. C'est plus un jeu (où je pourrai gagner son hymen néanmoins). Elle est plus costaude que moi, on finit généralement sur un match nul (et moi je vais finir le Tie break tout seul). Rien d'hors du commun.
Pour gentil Jovi, je ne me souviens de rien spécial non plus: il était dans un délire de se faire tatouer "love me tendre" sur les fesses, ce que je n'ai pas franchement appuyé, parce que ça donnerait une connotation étrange à cette chanson qui est avant tout une ode à "manger de la viande" ("Love me tendre, love me crue"). Ça dénaturerait un peu le sens de la chanson qui nous vient direct de l'âge d'or, mais bon, ils font bien ce qu'ils veulent.
Bref, c'est bizarre.
En lui montrant les chaises vides, je demande à Étienne Dago, mon disciple le plus fayot, s'il n'a pas une idée.
"Dag', tu sais pourquoi ils sont pas là?"
Je remarque pas ceux qui stressent. En général, sauf si j'ai besoin, je ne m’intéresse pas à leurs préoccupations. Les miennes passent avant.
J'attends une réponse, en soufflant lourdement et en répétant un peu mon jeu de scène.